Dombrance : Un candidat sérieux pour nous divertir

L’artiste de la semaine ne chante pas mais il mixe pour nous faire danser.

(crédit photo Sébastien Dolidon)

Mon expérience de spectateur :

Le récent concert d’Hervé auquel je me suis rendu nous annonçait un « guest » en première partie. Arrivé en avance, j’ai pu voir quelques allées et venues sur scène, où était déjà installée une étrange cellule « en U » que n’auraient pas renié certains industriels dans leur atelier de production.

Fin de l’attente, la lumière de la salle s’éteint et les projecteurs convergent sur cette fameuse cellule. Un homme en costard bleu, cheveux mi-long et moustache entre et s’installe, pour prendre place derrière ses synthés, pour entamer un live électronique.

N’étant pas, à priori, un grand fan de ce type de prestation, je me dis :

« Ça risque d’être long… », mais autant profiter de l’expérience après tout…

Le set commence, et petit à petit, je me dis que ce type aux allures de commandant de bord nous embarque finalement sur son vol « Air Electro » destination détente avec beaucoup de facilité et de simplicité.

Au détour d’un titre, j’entends « François Fillon », et d’un autre encore « Obama », et là je comprends : « cet homme n’est pas un commandant de bord, mais un candidat pour notre divertissement en plein meeting ! ». Cette découverte attise ma curiosité et je me laisse porter par cette prestation bien huilée, où Dombrance (c’est le nom de cet artiste) joue habilement sur les contrastes de la musique en la saturant puis nous la libérant subtilement pour nous pousser à bouger sur son rythme. Sa mise en scène nous invite à cela, et chaque mouvement apporte sa touche pour donner vie à sa prestation.

Tel un mime joue pour faire passer ses émotions, il évolue avec fluidité autour de ses équipements pour nous emporter dans son univers, comme s’il composait ses morceaux devant nous pour la première fois.

Au bout d’une heure de set, nous avons sympathisé avec ce personnage, ce qui m’a donné envie de poursuivre l’échange à l’issue du concert et après pour vous livrer l’article de cette semaine.

L’occasion de l’interroger sur ce qu’il a donné à percevoir sur scène :

« J’incarne un personnage sur scène » confirme Dombrance « et je me sens à l’aise une fois que j’enfile mon costume, qui fait partie du spectacle que je propose ». « Ce personnage me permet de me positionner dans un humour décalé pour inviter les gens à faire la fête ». Il est sensible lorsque je lui indique avoir eu l’impression d’avoir vu un mime durant son show, donnant toute son ampleur à la mise en scène. « J’ai été bercé par mon père et mon oncle – également dans la famille du music-hall – dans l’univers de Jacques Tati ». Un univers qu’il transmet sur scène un peu comme un héritage familial, se transformant en un Mr Hulot de l’électro (sans rapport avec le personnage politique cette fois mais bien celui que Tati envoya en vacances dans l’un de ses films).

Une précision en forme de transition, car Dombrance s’appuie sur l’univers politique pour mettre en avant ses compositions. Un clin d’œil avec la sphère politique qui se limite à son slogan « Pour une France qui danse » et aux noms d’hommes et femmes politiques donnés aux titres de son disque*.

« Un choix fait pour surprendre le public » précise-t-il. Si vous voyez associés Dombrance et Taubira, ou encore Dombrance et Poutou, ce ne sera pas pour autant en vue d’une future alliance pour les Présidentielles 2022. « Je respecte la liberté de chacun de se positionner par rapport au contenu de chaque titre, car la musique reste toujours au-dessus de la politique ». Une musique qui réunit en effet plus qu’elle ne divise, ce qui renforce cette idée.

Il attend avec impatience la réouverture des salles.

« La situation actuelle est dure, mais j’espère que nous pourrons retrouver rapidement les salles de spectacles, car j’ai hâte de voir de nouveau danser les gens quand je suis derrière mes synthés » confie-t-il.

Une fermeture des salles de spectacle qui ne constitue pas pour autant un complet obstacle pour être en lien avec le public. « J’ai réalisé pas mal d’Apéro Jam en ligne et en direct, pour rester en interactions avec les gens ».

Un lien qu’il a cherché à prolonger quand les conditions sanitaires l’ont permis, en se transformant en Antoine de Maximy de l’électro. Si ce dernier a acquis sa notoriété grâce à son émission « J’irai dormir chez vous », Dombrance à quant à lui a décliné le concept en « J’irai jouer chez vous ».

« C’est l’une des plus belles expériences musicales que j’ai pu vivre » indique-t-il. « Ce rapport de proximité était intense, pour des moments intenses de 4 à 5 heures passées ensemble ».

Une envie de partage et une simplicité, quoiqu’il en coûte, qui caractérisent sans doute le mieux cet artiste.

Insolite : Il a fait danser Catherine Ringer

Le 13 Novembre dernier, Dombrance participait à la soirée de clôture du Festival les « Z’Eclectiques » dans le Maine et Loire. Celui qui aime surprendre son public a été surpris à son tour.

Il nous raconte cette anecdote :

« J’étais concentré sur mes synthès, et dans ma mise en scène, je suis soit face public soit face coulisses. Alors que je me trouvais face coulisses, j’ai vu Catherine Ringer – qui se produisait ensuite durant la soirée - rentrer sur scène et danser, à deux mètres de moi ». « J’ai halluciné » précise celui qui, s’il n’avait pas eu à actionner ses instruments, se seraient surement frottés les yeux à deux mains. « Ce moment est un vrai cadeau » complète celui « qui était fan des Rita Mitsouko ». « Ça a été un moment magique », « renforcé par le fait que je ne lui ai pas parlé avant le concert et qu’après elle avait disparue » conclut-il.

Un moment de grâce comme un rêve immortalisé sur la page Facebook de Dombrance.

Un grand merci à lui pour sa disponibilité, et à très bientôt sur scène pour nous ambiancer.

* en lien dans cet article le morceau « Raffarin » de Dombrance