Musique et sport : Dans "les yeux d'Emilie"

Il y a peu, une chanson de Joe Dassin me revenait aux oreilles.

Pas grâce à la radio non. Pas sur scène non plus, mais dans une salle de basket, jouée par la banda haut-viennoise de Bessines (que nous aurons sans doute prochainement l’occasion de vous présenter plus longuement).

Quelques jours plus tard, les notes de cette chanson me parvenaient encore au travers des hauts parleurs de la télévision en regardant les finales de coupe de France de ce même sport à l’Accor Hôtel Arena de Bercy.

Il n’en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité et tenter de comprendre le lien entre ce sport et cette chanson d’un des plus français des Américains.

Que raconte cette chanson, sortie en 1977 et qui figurera sur l’un des derniers albums de l’artiste « Les femmes de ma vie » sorti en 1978, deux ans avant sa mort après un infarctus.

Elle raconte surtout une histoire d’amour à Québec. Le descriptif du rude hiver et de l’été plus chaleureux sont contrastés par l’absence d’Emilie. Une absence comme un vide, après la joie d’avoir pu partager sa vie, voir son sourire et ses « yeux de l’amour » selon le texte.

Au contraste entre les deux saisons s’ajoute l’instrumentalisation très énergique de cette histoire d’amour qui a pourtant mal tourné. Le rythme monte ainsi petit à petit. Piano, percussion, trompettes, comme un choix pour plus souligner le plaisir d’avoir pu vivre cette histoire d’amour plutôt que la tristesse de l’avoir perdu.

Une chanson qui regarde la rupture en face, le manque qu’elle a causé donc, mais qui raisonne comme une invitation à honorer cette histoire et à rester positif en quelque sorte.

Voilà qui peut constituer une passerelle entre cette chanson et le milieu du sport également.

Un milieu rythmé par les rencontres d’une saison, avec ces dénouements positifs ou parfois cruels également, mais qui invitent aussi les acteurs à regarder devant pour continuer à donner le meilleur d’eux-mêmes, pour rendre les émotions encore plus intenses.

Une symbolique aussi autour de la passion que l’on peut ressentir grâce au sport, à ces moments que l’on peut passer dans les gradins en attendant l’issue d’une rencontre ou d’un championnat, contrastant aussi avec le manque énorme lorsqu’une saison se termine, que les stades ou les gymnases sont vides et que nous ne pouvons plus échanger avec les joueurs ou joueuses et membres du staff.

La chaleur des rencontres s’oppose alors au vide de la trêve, comme la joie de partager sa vie avec celui ou celle qu’on aime laisse la place à la solitude générée par son départ.

Au regard de ces éléments, il apparait presque normal que ce titre populaire soit arrivé dans le sport, encore lui fallait-il un vecteur susceptible de pouvoir l’y transporter.

Et ce sont les bandas qui se sont emparés de ce morceau, permettant de conjuguer l’ensemble des talents réunis au sein de ces ensembles, pour emporter cette musique auprès du jeu, et l’ancrer dans le milieu sportif, dans le basket ou encore le rugby.

En 2015, l’équipe de France de basket en fera même sa chanson officielle pour le Championnat d’Europe, puis les rugbymen de Castres en 2018, qui remporteront le Top 14 cette même année.

Une aventure entre musique et sport qui se perpétue depuis, et qui a sans doute pris un peu plus de relief après avoir été longtemps privé pour cause de crise sanitaire des émotions que peuvent aussi nous procurer les acteurs du sport sur leurs scènes respectives.

Je ne pense pas que Joe Dassin aurait imaginé la vie de son morceau ainsi prolongée par le monde du sport, mais force est de constater que ce titre continuera sans doute son chemin en jalonnant les exploits des sportifs plutôt francophones.

Ce qui offre une occasion pour saluer tout les sportifs et sportives dont la saison touche à son terme, et également toutes les « Emilie » qui passent dans nos vies, qu’elles y restent…ou non.