TDF 2023 – Etape 2 – Le fantasme du maillot jaune

Il est l’objet sans doute le plus convoité sur les routes du Tour de France et, plus symboliquement, celui qui fait rêver dès leur plus jeune âge beaucoup de cyclistes, leur donne la motivation et un espoir en jaune (comme aime à le dessiner dans ses BD Laurent David à qui nous consacrerons un durant ce cycle Tour de France – aux éditions Les ardents).

Un objet qui réunit chaque année autour de lui coureurs, équipes, et suiveurs qui viennent couvrir la course. Un objet autour duquel converge les talents pour relater les exploits ou les déboires des forçats de la route, avec chaque année son lot de coup de théâtre que n’auraient osé imaginer ni le plus grand des scénaristes, ni le plus grand des metteurs en scène.

Les routes de France deviennent en juillet un théâtre à ciel ouvert où, si les rôles principaux n’échappent pas aux experts du milieu pour l’arrivée finale, l’on découvre au fil des jours de course quelques acteurs qui n’étaient pas prévus au casting, qui apportent leur lot de spectacle.

Depuis 1903, ce Tour de France alimente la légende du sport français et international, et on ne s’en lasse pas. L’épreuve n’a pas pourtant, durant ses 120 années, toujours connu le même engouement, et c’est pour lui donner plus de visibilité que la fameuse tunique jaune a été imaginée, et vue pour la première fois en 1919.

Jaune comme les pages d’un journal l’Auto qui souhaitait relancer ses ventes, et qui avait compris que c’est à travers leurs colonnes que les lecteurs allaient vibrer aux exploits de leurs héros. Une vision marketing comme on pourrait la définir aujourd’hui qui a amené jusqu’à nous ce maillot et les légendes qui vont avec.

Un compositeur qui a fait chanter Piaf

Un maillot jaune qui a inspiré Jean Drejac qui a écrit en 1960 la chanson « Il a le maillot », que nous avons choisi pour illustrer ce sujet. Ce nom ou plutôt ce pseudonyme (le vrai nom de l’auteur étant Jean André Jacques Brun) vous est peut-être étranger, mais de sa plume a jailli des chansons célèbres telles que « Sous le ciel de Paris » interprétée par Edith Piaf, ou encore « Ah ! Le petit vin blanc » pour Lina Margy…

Celui qui peut être considéré comme faisant partie du Panthéon de la chanson populaire française s’est donc collé à l’écriture d’une chanson sur une course qui l’est tout autant.

Une chanson qui narre les exploits d’un cycliste, dont on peut suivre l’aventure autour de la conquête, puis de la défense du maillot jaune.

Le mot maillot revient à de multiples reprises, comme une obsession dans cette chanson, obsession commune à celle des coureurs qui rêvent de le porter.

Le rythme trouvé par Claude Romat pour la musique est haletant, et à rebondissements jusqu’à l’issue de ce titre.

Il restait à trouver un interprète à cette chanson, et c’est presque naturellement à Marcel Amont qu’est revenu ce plaisir, ce dernier étant presque intimement lié à Claude Romat avec lequel il a grandement collaboré (avec son orchestre) avec des titres comme « Bleu, Blanc, Blond » ou encore « Tout doux, tout doucement ».

Une belle échappée à trois pour concrétiser cette chanson

La qualité d’écriture de Dréjac, celle de composition de Romat accompagné de son orchestre, et le punch de Marcel Amont, auquel nous avions brièvement rendu hommage lors de sa disparation, tous les ingrédients étaient réunis pour que cette chanson aille à la rencontre du public.

Ce fût chose faite et depuis plus de 60 ans déjà les aventures du coureur de cette chanson continue d’inspirer des sujets et d’être utilisée en bande son de bon nombre de reportages audio.

Bonne écoute et merci pour votre lecture.

A noter que le lien Youtube contient des figures d’avant-guerre de cette grande course, que nous vous recommandons également.

Paroles :

La foule attend le Tour de France Ah quel tintamarre ! Ah quel pavé dans la mare ! Avec plus d'un quart d'heure d'avance Un petit gars tout seul Pédale entre les tilleuls Il a le maillot, il a le maillot ! Le maillot bouton d'or, le maillot jaune ! Il a le maillot, la foule crie "bravo" ! Ça s'est fait dans un éclair Au matin clair Tous les gros bras s'observaient pas d'accord C'est alors qu'il a résolu le problème: Il a bondi dans le décor Sur son vélo faisant corps Avec lui-même; Le guidon vissé dans les paumes Un ultime effort Et voilà c'est lui le plus fort Dans la clameur du vélodrome Les bras chargés de fleurs Il pédale tout en douceur. Il a le maillot, il a le maillot! Le maillot bouton d'or, le maillot jaune ! Il a le maillot, la foule crie "bravo" ! Lui sourit, salue de la main Mais le lendemain... Le troupeau bariolé s'avance Au coup de pistolet Ah! Quelle envolée de mollets Dans le peloton qui s'élance Un petit gars prudent Pédale en serrant les dents. Il a le maillot, il a le maillot ! Le maillot bouton d'or, le maillot jaune ! Il a le maillot, la foule crie "bravo" ! Mais lui se dit pour le garder Ça va barder. Dans les descentes c'est la grande émotion, Et la haut dans les cols le froid qui pince, Oui mais au bout quelle sensation Quand on entend l'ovation Du Parc des Prince. Dans l'aube fraîche où rien ne bouge Cent corps brûlés de soleil Dorment d'un profond sommeil; Et tous mènent la lanterne rouge Rêvent qu'à Paris La foule se lève dans un cri. Il a le maillot, il a le maillot! Le maillot bouton d'or, le maillot jaune ! Il a le maillot, la foule crie "bravo" ! Et chante sur les des lampions "Voici le champion" ! Il a le maillot, il a le maillot ! Le maillot bouton d'or, le maillot jaune ! Il a le maillot, vite à la maison Pour voir son triomphe à la télévision !

Musique: Claude Romat, paroles: Jean Drejac, 1960